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Depuis quelques années, le mot « évaluation » mobilise et agite le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur. Selon ce mot d’ordre, il faut Tout évaluer : les enseignants, les professeurs, les chercheurs, les programmes de formation, les Centres de recherche et, bien sûr, les universités. Les indicateurs « d’excellence » et de « qualité » se multiplient sans que l’on sache toujours sur quelles bases ils ont été construits. Pourquoi ces nombreux « indicateurs d’excellence » sont-ils mis au service d’une vision strictement gestionnaire de la production de connaissance ? Les comptages des publications sont érigés, parfois, par les chercheurs eux-mêmes, en étalon absolu de la valeur de leur activité. Les usages courants des indicateurs utilisés pour mesurer l’activité scientifique ou classer les universités ne respectent pas les conditions mêmes de leur validité et de leur pertinence telles que la bibliométrie la construit de manière rigoureuse. Le pilotage par ces indicateurs utilisés à contre-emploi, et qui tiennent souvent lieu d’expertise, sont les indices, dans le domaine du savoir, d’une pratique pervertie et dangereuse.
Yves Gingras, professeur d’histoire des sciences à l’université du Québec à Montréal
Franck Laloë, physicien théoricien, chercheur au CNRS
Les dérives de l’évaluation de la recherche : du bon usage de la bibliométrie
Raisons d’agir éditions, 2014
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